Étude microbiologique, épidémiologique et antibiorésistance du Staphylococcus aureus dans le lait de vache atteinte de mammite.

Abstract

En Algérie, le lait est consommé le plus souvent à l’état cru échappant ainsi à tout contrôle de qualité. La mammite est devenue un problème de sécurité alimentaire par sa forme subclinique de la maladie. Notre hypothèse dans cette étude est que la consommation du lait cru des vaches avec des mammites subcliniques est un outil de transmission de staphylocoques résistants aux antibiotiques, pouvant passer inaperçus vers l’homme. Un total de 981 échantillons de lait cru ont été obtenus à partir des quartiers de 250 vaches laitières. Le test de la mammite Californie (CMT) a été effectué pour diagnostiquer la présence de la mammite subclinique. Les échantillons de lait ont été l’objet d’une étude bactériologique et les colonies présumées ont été confirmées en premier lieu phénotypiquement par la caractérisation biochimique utilisant le système API-20-Staph. La détermination de certains facteurs de virulence pour les staphylocoques a été réalisée en combinaison entre la production de la coagulase libre (la méthode en tube) et liée (le test du Staphytect plus) pour l’identification des isolats et, la production de la Dnase. Les tests de sensibilité ont été réalisés par la méthode de diffusion sur gélose Muller-Hinton pour 13 antibiotiques fréquemment utilisés en médecine vétérinaire en Algérie et, le système VITEK 2 est utilisé pour la détermination des concentrations minimales inhibitrices (CMI) pour les souches confirmées comme S.aureus. Dans la deuxième partie de notre étude, une caractérisation génotypique des facteurs de virulence, par la détection de la présence du gène coa et du gène nuc chez les souches de S.aureus isolées par amplification par PCR. Des facteurs de risque hypothétiques affectant la mammite subclinique ont été étudiés comme la race, la saison, l’âge, le vêlage ; ces derniers impliquent une interaction claire entre l’hôte et l’agent causal., Selon le CMT, la prévalence de la mammite subclinique dans la région est de 33,6%. L'examen bactériologique a révélé un pourcentage d'échantillons positifs de 14,2%. Dans l'ensemble, il y avait une association positive significative entre l'examen bactériologique et le CMT dans le lait obtenu par le Test Khi 2 (p<0,001). L'identification biochimique a montré que 73,75% des isolats sont des Staphylocoques à coagulase négatif et, que 26,25% sont des S.aureus. Après l’identification biochimique le test de Staphytect plus et le test de la coagulase en tube ont été réalisés. Une réaction significativement positive (p<0,001) a été établie pour les souches de S.aureus ; sur 21 souches identifiées 19 (90,48%) souches se sont révélés positives. Des souches non S.aureus considérées normalement comme des coagulases négatives se sont avérées des coagulases positives : S. xylosus, S. hominis , S. caprae , S. intermidius , S. chromogenes , S. sciuri , S. epidermis , S. lentus , S. hyicus . Dans la présente étude, l'activité Dnase était positive chez 23.75% et 33.75% pour S.aureus et Staphylocoque coagulase négatifs (SCN), respectivement. Sur le total de 21 isolats de S. aureus, 19 (90.48%) isolats ont été trouvés Dnase positifs et 2(9.52%) Dnase négatifs. La résistance à la pénicilline G touche 61,02 % des souches de SCN, celle à la tétracycline est de 74,58 %. Pour S. aureus, nous avons retrouvé une résistance élevée à la pénicilline G 80,95% et à la tétracycline 71,43%. Selon nos résultats, 02 (9.52%) isolats de S. aureus sont résistants à la meticilline, avec modification de Protéines liant les pénicillines (PLP), identifié par le test du disque de l’oxacilline avec un diamètre de : R ≤10 mm et confirmé par une CMI ≥4µg/l. La MIC de la vancomycine a prouvé que 01 souche est une VRSA avec une MIC ≥32µg/ml, et 01 seconde souche est une hétéro-VISA avec un MIC ˃1µg/ml. Nous avons noté que pour les 21 souches de S.aureus, 11 phénotypes de résistances différents dominées par la résistance à la pénicilline G. L’amplification par PCR de l'extrémité 3 'du gène coa des isolats de S. aureus, a révélé que parmi 21 isolats, 18 d’entre eux donnent une seule bande comprise entre 547 pb et 875 pb. Dans la présente étude, les amorces utilisées pour le gène nuc ont reconnu 19 isolats de S. aureus parmi les 21 isolats, et la taille moléculaire du produit d’amplification du gène nuc est de 395pb. L'analyse du chi carré (X2) a révélé qu'il y avait une dépendance entre le test CMT et la race (P=0,026), avec une prévalence de la mammite subclinique aux niveaux des quartiers chez 204 (30,72%) vaches croisées. Le groupe d'âge de 1-4 ans était le plus sensible à la mammite subclinique. Dans la présente étude, il existe une dépendance entre la survenue de la mammite subclinique, le stade de lactation (p<0,001), le vêlage (p=0,041) chez les vaches de race croisées, et la zone de prélèvement (p=0,043). Le résultat de la bactériologie dépend du stade de lactation, de la race et de la saison avec des p de (0,031, 0,017, 0,005) respectivement. Nos résultats indiquent que la vache est loin d’être atteinte d’une mammite subclinique au milieu du stade de lactation (OR=0,357, p<0,001 et IC=95%). Nos résultats ont indiqué qu’il y’a un passage des staphylocoques multi-résistants dans le lait cru consommé dans la région ouest de l’Algérie, avec une prévalence supérieure des staphylocoques coagulase négatifs par rapport aux S. aureus. Malgré le pouvoir pathogène méconnu de certaines espèces, ces organismes peuvent être des réservoirs de résistance aux antibiotiques ; ce qui nécessite une surveillance périodique de la résistance des staphylocoques aux antimicrobiens dans le but de contrôler leurs propagations.